Voici les textes qui ont été utilisés pour la veillée de prière pour la paix du 9 novembre dernier au GSFB. N’hésitez pas à les utiliser, à les diffuser, que la prière pour la paix continue !
Il s’agit d’un chapelet médité, entrecoupé de textes sur la paix.
Veillée de prière pour la paix en Terre Sainte et dans le monde
« C’est lui, le Christ, qui est notre paix » (Ep 2,14)
- Texte introductif à la veillée :
UN EXTRAIT De Eric-Emmanuel SCHMITT, Le défi de Jérusalem (p. 93-97)
Le mur…
Ce matin, avant la visite de la Nativité, je me suis pour la première fois retrouvé nez à nez avec le symbole du désastre.
Bethléem se situant en Cisjordanie, nous nous sommes approchés de la frontière. Quand nous avons atteint le point de contrôle militarisé, notre guide, Guila, qui est juive, s’est placée par prudence au fond du car, redoutant de compliquer le filtrage. Les sentinelles nous ont laissés passer sans vérification.
Nous avons alors longé le mur de séparation entre Israël et la Palestine. Précédemment, je n’avais discerné au lointain que sa version «légère», des couches de grillages; désormais mes mains touchaient un mur lourd, opaque, carcéral, une enceinte composée d’épaisses et hautes plaques de béton.
Rien que sa laideur constitue un scandale. Le mur bouche tout horizon, visuel ou mental.
Il sanctionne un échec, pas un échec sécuritaire puisqu’il a réduit le nombre d’attentats-suicides – parallèlement, l’État palestinien avait signé un accord -, mais un échec historique et politique : il incarne l’impossibilité d’arriver à la paix. Construit à partir de 2002 durant la deuxième intifada, période d’intenses agressions entre Palestiniens et Israéliens, il est présenté par les politiciens juifs comme provisoire, quoiqu’il soit permis d’en douter.
J’ai décelé dans ce mur l’essence même de la tragédie. Quelle tragédie?
L’affrontement de deux légitimités. Deux camps s’opposent qui, à leur manière, ont tous les deux raison. Il ne s’agit ni d’un combat entre le bien et le mal, ni d’un assaut du vrai contre le faux; il s’agit de deux conceptions du bien inconciliables, de deux vérités qui s’excluent.
Israël a raison, la Palestine a raison. Les deux pays justifient leur occupation du territoire par une présence longue, ancestrale, licite.
Les Juifs en furent chassés à deux reprises : une première dispersion de leurs élites en 587 avant Jésus-Christ par les Babyloniens, une seconde, décisive, par les Romains en 70. Titus, futur empereur, assiégea, pilla, incendia Jérusalem, massacra la population et détruisit le Temple, ce qui provoqua l’exil. Au XIXe siècle, la montée des nationalismes et de l’antisémitisme en Europe poussa les Juifs de la diaspora à désirer un État juif. Le mouvement sioniste se forma et rêva d’une réinstallation en Israël. L’horreur absolue que commirent les nazis en organisant leur extermination libéra les verrous de ce projet : avec le soutien de l’ONU, la création de l’État d’Israël fut proclamée en 1948.
Or des populations occupaient légitimement cette terre depuis deux millénaires, lesquelles vécurent sous l’Empire romain, puis ottoman, devinrent musulmanes en majorité, parlaient arabe ou turc. En 1947, les Arabes palestiniens ainsi que les États arabes voisins rejetèrent le plan de partage de l’ONU. La violence redoubla. À leur tour, ces populations subirent des expulsions et connurent par les Juifs ce que les Romains avaient jadis infligé aux Juifs. Elles prirent les armes et tout s’envenima.
Telle est la logique tragique : chacun des blocs possède sa légitimité, laquelle lui est déniée par l’autre.
Telle est la logique tragique : puisque personne n’a raison ni tort, la force se substitue à la discussion, au droit.
Telle est la logique tragique : le problème s’amplifie et demeure sans issue. À la tragédie, nous préférons tous spontanément le drame, avec son schéma manichéen : le bon et le méchant, le juste et l’injuste, le messager de la vérité et l’émissaire des mensonges.
J’ai rencontré néanmoins des Israéliens et des Palestiniens choqués par ce conflit qui a pris leur pensée en otage; ils souffrent de ne pouvoir introduire des analyses, peser le pour et le contre, inaugurer un espace de dialogue, donc de partage. Sous la haine de l’autre se tapit toujours une aversion fondamentale : le refus de la complexité. Les apporteurs de nuances, ceux qui perçoivent la tragédie et ne la balayent pas au moyen d’un choix partisan, tiennent une position difficile : ces écartelés se révèlent inaudibles, promptement traités d’anti-Arabes ou d’antisémites.
Au pied de cette muraille bétonnée, j’ai d’emblée fermé les yeux et crié intérieurement : « Assez !».
Sur la paroi encore criblée de balles, une fresque a arrêté mon attention, la colombe de la paix, celle qui avait livré à Noé le rameau annonçant la fin du Déluge. Elle plane là, ailes écartées, munie d’un gilet pare-balles, mais visée à la gorge par un tireur.
Cette candide colombe, qui ne croit pas au pouvoir des armes et qui vit ses derniers instants m’a touché au cœur…
0.2. Chant
R/ Seigneur, rassemble-nous dans la paix de ton amour
- Nos fautes nous séparent
Ta grâce nous unit
La joie de ta victoire
Éclaire notre nuit
R/ Seigneur, rassemble-nous dans la paix de ton amour
- Seigneur, vois la misère
Des hommes affamés
Partage tous nos frères
Le pain de l’unité
R/ Seigneur, rassemble-nous dans la paix de ton amour
Introduction du chapelet
Credo, Pater, 3 Ave, Gloria
1er mystère lumineux : Le baptême de Jésus dans le Jourdain
1.1. « Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau ; voici que les cieux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui » (Mt 3,16).
1.2. Au baptême, Jésus reçoit l’Esprit pour le répandre abondamment sur toute l’humanité. Colombe de l’Esprit, colombe de la paix, viens encore descendre et reposer dans le cœur des hommes de ce temps.
1.3. Pater, 10 Ave, Gloria
1.4. Texte de méditation :
De la LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX EPHÉSIENS (2,14-22)
14 C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ;
15 il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix,
16 et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine.
17 Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches.
18 Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.
19 Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu,
20 car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même.
21 En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur.
22 En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint.
1.5. Chant :
Par la croix du fils de Dieu
Signe levé qui rassemble les nations
Par le corps de Jésus Christ
Dans nos prisons, innocent et torturé
Sur les terres désolées, terres d’exil
Sans printemps, sans amandier
R/ Fais paraître ton jour
Et le temps de ta grâce
Fais paraître ton jour
Que l’homme soit sauvé
2e mystère lumineux : Les noces de Cana
2.1. « Trois jours plus tard, il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. Or on manqua de vin… » (Jn 2,1s.).
2.2. Comme les convives de Cana, notre humanité est dans l’impasse : elle manque du vin de l’Alliance, de la joie du Royaume. Elle souffre cruellement du manque de paix. « Faites tout ce qu’il vous dira », dit la mère de Jésus. Invitation à nous confier à la puissance du Christ, capable de briser nos impasses.
2.3. Pater, 10 Ave, Gloria
2.4. Texte de méditation :
De SAINT GRÉGOIRE DE NYSSE, TRAITÉ SUR LA PERFECTION CHRÉTIENNE
« C’est lui, le Christ, qui est notre paix, des deux il a fait un seul peuple ». Puisque nous comprenons ainsi que le Christ est notre paix, nous montrerons quelle est la véritable définition du chrétien si, par cette paix qui est en nous, nous montrons le Christ dans notre vie. En sa personne, il a tué la haine, comme dit l’Apôtre. Ne la faisons donc pas revivre en nous, mais montrons par notre vie qu’elle est bien morte. Puisqu’elle a été magnifiquement tuée par Dieu pour notre salut, ne la ressuscitons pas pour la perte de nos âmes ; en cédant à la colère et au souvenir des injures, n’ayons pas le tort d’accomplir la résurrection de celle qui a été magnifiquement mise à mort.
Mais puisque nous avons le Christ, qui est la paix, à notre tour, tuons en nous la haine, afin de réussir dans notre vie ce que notre foi nous montre réalisé en lui : il a fait tomber le mur qui séparait les deux peuples, il a créé en lui-même un seul homme nouveau, et il a établi la paix. De même nous : amenons à la réconciliation non seulement ceux qui nous font la guerre à l’extérieur, mais encore ceux qui soulèvent des contestations en nous-mêmes ; que la chair n’oppose plus ses désirs à ceux de l’esprit, que l’esprit ne s’oppose plus à la chair ; mais, la prudence charnelle étant soumise à la loi de Dieu, soyons en paix en nous-mêmes pour édifier, à partir de cette double réalité, l’homme nouveau, unifié et pacifié.
Telle est en effet la définition de la paix : l’harmonie de ceux qui étaient désunis. Aussi, lorsque s’arrête la guerre civile qui règne dans notre nature et que nous établissons la paix en nous, à notre tour nous devenons en nous-mêmes paix, et nous montrons que cette appellation donnée au Christ s’applique véritablement à nous.
2.5. Chant :
Par la croix du Bien-Aimé
Fleuve de paix où s’abreuve toute vie
Par le corps de Jésus-Christ
Hurlant nos peurs dans la nuit des hôpitaux
Sur le monde que tu fis
Pour qu’il soit beau et nous parle de ton nom
R/ Fais paraître ton jour
Et le temps de ta grâce
Fais paraître ton jour
Que l’homme soit sauvé
3e mystère lumineux : L’annonce du Royaume de Dieu et l’invitation à la conversion
3.1. « A la vue des foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Et, prenant la parole, il les enseignait : « heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux ; heureux les doux, car il auront la terre en partage ; heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ». (Mt 5,1-5)
3.2. Les Béatitudes sont chemin de bonheur et promesse de salut. Elles annoncent la terre nouvelle où résidera la justice. Terre nouvelle que tu construis, Seigneur, dans notre histoire et que nous pouvons hâter en étant doux et artisans de paix. Oui, « heureux les artisans de paix, car ils appelés fils de Dieu ».
3.3. Pater, 10 Ave, Gloria
3.4. Texte de méditation :
De La Constution Gaudium et SPES du CONCILE DU VATICAN II (n°78 & 83)
La paix n’est pas simplement une absence de guerre, elle ne se réduit pas à l’établissement d’un équilibre entre forces adverses, elle ne provient pas d’une domination despotique, mais il est tout à fait exact et approprié de l’appeler l’œuvre de la justice. Elle est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine par son divin Fondateur, ordre à réaliser par les hommes qui aspirent toujours à une justice plus parfaite. Il est vrai que le bien commun de l’humanité est dirigé, dans son plan fondamental, par la loi éternelle ; mais, dans ses exigences concrètes, ce bien commun, avec la marche du temps, est soumis à de perpétuels changements. La paix n’est donc jamais acquise une fois pour toutes : elle est sans cesse à construire. En outre, comme la volonté humaine est faillible et qu’elle est blessée par le péché, la réalisation de la paix exige que chacun sache toujours dominer ses passions et que l’autorité légitime demeure vigilante.
Mais cela ne suffit pas. Pour que la paix sur cette terre soit obtenue, il faut que le bien des personnes soit en sûreté ; il faut que les hommes se communiquent spontanément, dans la confiance, les richesses de leur esprit et de leur génie créateur. La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité, la recherche effective de la fraternité sont absolument nécessaires pour la construction de la paix. C’est ainsi que la paix est encore le fruit de l’amour qui va bien plus loin que les avantages procurés par la justice.
La paix terrestre, qui naît de l’amour du prochain, est l’image et l’effet de la paix du Christ, laquelle découle de Dieu le Père. Car le Fils incarné en personne, Prince de la Paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix. Il a rétabli l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. Dans sa propre chair, il a tué la haine et, une fois glorifié par sa résurrection, il a répandu l’Esprit d’amour dans le cœur des hommes.
C’est pourquoi tous les chrétiens sont appelés de façon pressante à vivre dans la vérité de l’amour pour s’unir aux hommes vraiment pacifiques afin d’implorer et de construire la paix.
Pour construire la paix, il est requis avant tout que l’on extirpe les causes de discordes entre les hommes car ce sont elles qui alimentent les guerres, à commencer par les injustices. Beaucoup de celles-ci proviennent d’excessives inégalités d’ordre économique, et du retard à y apporter les remèdes nécessaires. D’autres naissent de l’esprit de domination, du mépris des personnes et, si nous en recherchons les causes profondes, de l’envie, de la méfiance, de l’orgueil et des autres passions égoïstes. L’homme étant incapable de supporter de si nombreux désordres, il s’ensuit que, même sans que la guerre soit déchaînée, le monde est continuellement empoisonné de rivalités et de violences.
3.5. Chant :
Par la croix de l’Homme-Dieu, arbre béni
Où s´abritent les oiseaux,
Par le corps de Jésus Christ
Recrucifié dans nos guerres sans pardon,
Sur les peuples de la nuit et du brouillard
Que la haine a décimés.
R/ Fais paraître ton jour
Et le temps de ta grâce
Fais paraître ton jour
Que l’homme soit sauvé
4e mystère lumineux : La transfiguration
4.1. « Six jours plus tard, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière » (Mt 17,1-2).
4.2. La guerre dé-figure notre humanité ; la violence dé-figure les familles ; les éclats de bombes dé-figurent les visages… En revanche, la Transfiguration de Jésus est un éclat de lumière dans les ténèbres, un moment extatique de paix et de joie devant le Fils éternel du Père. « Il est heureux que nous soyons ici ! », s’exclame Pierre. Viens, Seigneur Jésus, viens transfigurer notre monde, ne tarde plus !
4.3. Pater, 10 Ave, Gloria
4.4. Texte de méditation :
De L’Encyclique Fratelli tutti du Pape François, sur la fraternité et l’amitié sociale (n°261)
Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal. N’en restons pas aux discussions théoriques, touchons les blessures, palpons la chair des personnes affectées. Retournons contempler les nombreux civils massacrés, considérés comme des « dommages collatéraux ». Interrogeons les victimes. Prêtons attention aux réfugiés, à ceux qui souffrent des radiations atomiques ou des attaques chimiques, aux femmes qui ont perdu leurs enfants, à ces enfants mutilés ou privés de leur jeunesse. Prêtons attention à la vérité de ces victimes de la violence, regardons la réalité avec leurs yeux et écoutons leurs récits le cœur ouvert. Nous pourrons ainsi reconnaître l’abîme de mal qui se trouve au cœur de la guerre, et nous ne serons pas perturbés d’être traités de naïfs pour avoir fait le choix de la paix.
4.5. Chant : Que ton règne vienne (Prière de St François)
- Là où il y a la haine,
Que surgisse ton amour.
Là où il y a le doute,
Que s’élève un chant de foi !
R/ QUE TON RÈGNE VIENNE
COMME L’AUBE SUR LA NUIT !
QUE TON RÈGNE VIENNE
QU’IL ÉCLAIRE ET CHANGE NOTRE VIE !
2. Là où règnent les ténèbres,
Que paraisse ta clarté.
Là où cesse l’espérance,
Que s’élève un chant d’espoir !
- Là où naissent les discordes,
Que s’installe l’unité.
Là où il y a la guerre,
Que s’élève un chant de paix !
4.Là où il y a l’offense,
Que s’éveille le pardon.
Là où règne la tristesse,
Que s’élève un chant de joie !
5e mystère lumineux : L’institution de l’Eucharistie
5.1. « Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : ‘Prenez, mangez : ceci est mon corps’ » (Mt 26,26).
5.2. La Dernière Cène représente une radicale mise en question de la violence : on y voit Jésus qui, face à la violence qu’il va subir, refuse de l’exercer à son tour. Au contraire, il nous offre son Corps. L’Eucharistie est une invitation pressante à opposer la douceur à la violence, l’amour à la haine. L’Eucharistie nous transforme et transforme la société.
5.3. Pater, 10 Ave, Gloria
- Conclusion :
Le vendredi 27 octobre 2023, en conclusion de l’heure de prière Pacem in terris qui s’est tenu dans la basilique Saint-Pierre, le pape François adressé une très belle prière à la Vierge Marie, une prière pour la paix, que nous sommes invités à reprendre ensemble :
Marie, regarde-nous ! Nous sommes ici devant toi. Tu es Mère, tu connais nos labeurs et nos blessures. Toi, Reine de la paix, tu souffres avec nous et pour nous, en voyant tant de tes enfants éprouvés par les conflits, angoissés par les guerres qui déchirent le monde.
C’est une heure sombre, Mère. Et en cette heure sombre, nous nous plongeons dans ton regard lumineux et nous nous en remettons à ton cœur, attentif à nos difficultés. Il n’a pas été épargné par les soucis et les peurs : quelle appréhension lorsqu’il n’y avait pas de place pour Jésus dans le logis, quelle peur lorsque vous avez fui précipitamment en Égypte parce qu’Hérode voulait le tuer, quelle angoisse lorsque vous l’avez perdu dans le temple ! Mais, Mère, dans les épreuves, tu as été courageuse, tu as été audacieuse : tu as eu confiance en Dieu et tu as répondu à l’appréhension par l’attention, à la peur par l’amour, à l’angoisse par l’offrande. Mère, tu n’as pas reculé, mais aux moments décisifs tu as pris l’initiative : tu t’es rendue avec empressement chez Élisabeth, aux noces de Cana tu as obtenu de Jésus le premier miracle, au Cénacle tu as maintenu les disciples unis. Et lorsque, sur le Calvaire, une épée a transpercé ton âme, toi, Mère, femme humble, femme forte, tu as tissé la nuit de la souffrance d’une espérance pascale.
Maintenant, Mère, prends une fois de plus l’initiative pour nous ; prends-la en ces temps déchirés par les conflits et dévastés par les armes. Tourne ton regard miséricordieux vers la famille humaine qui a perdu le chemin de la paix, qui a préféré Caïn à Abel et qui, perdant le sens de la fraternité, ne retrouve pas l’atmosphère de la maison. Intercède pour notre monde en danger et dans la tourmente. Apprends-nous à accueillir et à prendre soin de la vie – de toute vie humaine ! – et à rejeter la folie de la guerre, qui sème la mort et détruit l’avenir.
Marie, tu es venue souvent à notre rencontre pour nous demander prière et pénitence. Mais nous, pris par nos besoins et distraits par des intérêts mondains, nous sommes restés sourds à tes invitations. Mais toi, qui nous aimes, tu ne te lasses pas de nous, Mère. Prends-nous par la main et conduis-nous à la conversion, fais-nous remettre Dieu à la première place. Aide-nous à préserver l’unité de l’Église et à être des artisans de communion dans le monde. Rappelle-nous l’importance de notre rôle, fais que nous nous sentions responsables de la paix, appelés à prier et à adorer, à intercéder et à réparer pour tout le genre humain.
Mère, seuls, nous n’y arrivons pas, sans ton Fils, nous ne pouvons rien faire. Mais toi, tu nous ramènes à Jésus, qui est notre paix. C’est pourquoi, Mère de Dieu et notre Mère, nous venons à toi, nous cherchons refuge en ton Cœur immaculé. Nous invoquons la miséricorde, Mère de miséricorde ; la paix, Reine de la paix ! Secoue l’âme de ceux qui sont pris au piège de la haine, convertis ceux qui nourrissent et attisent les conflits. Sèche les larmes des enfants – il y en a tellement qui pleurent à cette heure ! – , assiste ceux qui sont seuls et âgés, soutiens les blessés et les malades, protège ceux qui ont dû quitter leur patrie et leurs êtres chers, console ceux qui sont découragés, redonne de l’espérance.
Nous te confions et te consacrons nos vies, chaque fibre de notre être, tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, pour toujours. Nous te consacrons l’Église afin que, témoignant au monde l’amour de Jésus, elle soit signe de concorde et soit un instrument de paix. Nous te consacrons notre monde, en particulier nous te consacrons les pays et les régions qui sont en guerre.
Le peuple fidèle t’appelle l’aube du salut : Mère, ouvre des fenêtres de lumière dans la nuit des conflits. Toi, demeure de l’Esprit Saint, inspire des chemins de paix aux dirigeants des nations. Toi, Mère de tous les peuples, réconcilie tes enfants séduits par le mal, aveuglés par le pouvoir et la haine. Toi qui es proche de chacun, réduis notre éloignement. Toi qui as compassion de tous, apprends-nous à prendre soin des autres. Toi qui révèles la tendresse du Seigneur, fais de nous les témoins de sa consolation. Mère, Toi, Reine de la paix, répands en nos cœurs l’harmonie de Dieu. Amen.
Antienne finale : Salve Regina…
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